Couveuses d’entreprises et porteurs de projet : « une relation de confiance »

Testez, validez, développez votre entreprise

Couveuses d’entreprises et porteurs de projet : « une relation de confiance »

Quel est le rôle d’une couveuse ?

Jean-Pierre Martin, Président de l’Union des Couveuses d’Entreprises répond à Pôle Emploi dans le cadre de la semaine de la création d’entreprises

Une couveuse est en quelque sorte le maître-artisan de la création d’entreprise. Elle permet aux entrepreneurs de confronter leur projet au marché réel via un « test marché », réalisé sous sa responsabilité dans un cadre légal, juridique, social et fiscal, tel que le prévoit le contrat d’appui aux porteurs de projet d’entreprise (CAPE). En clair, c’est la couveuse qui assume les « risques marché ». L’objectif est de faciliter le passage à l’acte des entrepreneurs en les accompagnant dans les meilleures conditions, à travers des missions de coaching entrepreneurial, de sécurisation de parcours et de soutien à l’initiative économique. En intégrant une couveuse, ils testent leur business model, construisent leur stratégie commerciale et financière, développent des partenariats, créent du réseau, pilotent et affinent leur projet afin d’assurer sa réussite future. À partir de ce cadre sécurisé, la structure est capable d’offrir l’ensemble des services liés au fonctionnement d’une entreprise pour qualifier son activité.

Comment fonctionne l’Union des Couveuses d’Entreprises ?

Notre association fédère l’ensemble des couveuses d’entreprises en France depuis bientôt 15 ans. Le réseau national compte 63 structures issues de l’économie sociale, ainsi que 253 sites d’accompagnement en métropole et dans les DROM-COM. Nous accompagnons chaque année près de 6 000 entrepreneurs en grande majorité demandeurs d’emploi. Projet initial de vie, réorientation professionnelle, soif d’indépendance, changement de situation… les profils sont très variés, d’où notre volonté de personnaliser les parcours en fonction des besoins et des projets. En outre, la loi nous permet de couver une entreprise jusqu’à 3 ans, le CAPE étant deux fois renouvelable. Toutefois, le séjour moyen en couveuse s’établit autour de 15 mois. Enfin, l’UCE labellise les couveuses dans le cadre d’un référentiel cœur de métier qui garantit la qualité de service et le respect des normes législatives (label renouvelé tous les 3 ans).

Votre public étant composé de 95 % de demandeurs d’emploi, comment travaillez-vous avec Pôle emploi ?

C’est un partenaire incontournable de nos métiers sur le territoire, par sa connaissance des acteurs et du tissu économique. Nous trouvons auprès des conseillers des compétences parfois remarquables. De fait, les accompagnateurs, chefs de projet ou chargés de mission de nos couveuses développent une relation de proximité avec les équipes de Pôle emploi, qui est largement pourvoyeur de talents.

Y a-t-il des prérequis pour intégrer une couveuse ?

Étudiants, demandeurs d’emploi, salariés à temps partiel, retraités… quel que soit l’âge, le niveau de formation, l’origine géographique ou sociale, toute personne est éligible pourvu qu’elle ne soit pas salariée à plein temps. Les entrepreneurs doivent a minima présenter des garanties morales d’adhésion et une réelle motivation dans leur démarche, mais également prouver le potentiel commercial de leur projet, sa viabilité, leur capacité à générer du chiffre d’affaires, établir un prévisionnel, vérifier le statut légal, etc. Entre la couveuse et le porteur de projet, c’est avant tout une relation de confiance !

Quel résultat observez-vous à l’issue des parcours ?

Les résultats sont globalement bons. Nous observons que plus de 55% des entrepreneurs créent leur entreprise et plus de 20% retrouvent un emploi salarié (CDI ou CDD > 6 mois). S’il s’avère que le parcours n’aboutisse pas à une création, les personnes formées sur le terrain disposent en effet de compétences hautement transférables, qui leur permettent de se rediriger vers un travail salarié, une formation ou un nouveau projet. De plus, le parcours en couveuse est désormais qualifié, via l’obtention d’un certificat professionnel de niveau BAC+2 à l’issue du test. Proposé par l’École Supérieure de l’Entrepreneuriat, ce diplôme valide les compétences acquises lors de la création d’entreprise en formation continue dans un des centres agréés de l’UCE, ou bien en VAE (validation des acquis de l’expérience).

Votre regard sur la création d’entreprise aujourd’hui ?

Derrière le terme « création d’entreprise » se cache des réalités économiques très diverses. Si les chiffres n’ont jamais été aussi bons, la réalité du terrain prouve que les entrepreneurs ont des besoins très différents. Se différencient aujourd’hui les entrepreneurs d’opportunité, inspirés par une idée à lancer sur le marché, et les entrepreneurs de nécessité qui créent leur propre emploi pour gagner leur vie. Il faut donc rester très vigilant sur les statistiques, car nous manquons encore d’outils en France pour calibrer ces niveaux d’activité. Notre objectif, in fine, est ainsi de faire en sorte que les gens éprouvent une réelle satisfaction dans leur projet, d’un point de vue social et confort de vie.

Et demain ?

Selon moi, le paysage est en train de changer. Et très vite. L’économie du partage, qui consiste en une nouvelle forme d’échanges sur le territoire, entre aujourd’hui de plain-pied dans le spectre économique. Nous allons vivre dans les prochaines années une vraie révolution : beaucoup de personnes que l’on accompagne cumulent déjà plusieurs activités, sont à la fois salariées et indépendantes, bénévoles ou actives dans les filières associatives. On observe également un regain d’intérêt des jeunes et des étudiants pour la création d’activité, résultat d’une politique marquée en faveur de l’entreprenariat, de la prise d’initiative. C’est là aussi notre rôle : permettre aux jeunes de passer d’une posture d’étudiant à celle de chef d’entreprise, de la théorie à la pratique terrain.

L’UCE en chiffres :

26 200 entrepreneurs accompagnés pour 76% de réussite / 5 400 entrepreneurs accompagnés chaque année
65% de femmes, 94% de demandeurs d’emploi, 1/3 de niveau BAC, 1/3 de +45 ans
15 mois de test de moyenne
Un réseau national de 63 adhérents
253 lieux d’accueil en France, outre-mer et Europe.
Des couveuses généralistes et spécialisées (filière culturelle et artistique, métiers de la création, services à la personne, test agricole, écoconstruction et bâtiment, économie sociale et solidaire, couveuse de commerce…)

Retrouvez cette interview réalisée dans le cadre de la semaine de la création d’entreprises sur le site de Pôle Emploi